Consulter le rapport d'activité 2022
2022, une année fertile pour France Stratégie
Que retenir de l’année 2022 pour France Stratégie ?
Gilles de Margerie : 2022 a été une année fertile pour France Stratégie. C’était une année d’élections, avec une conséquence très pratique : plusieurs mois avec des restrictions à notre capacité de publier ; et une conséquence plus durable : la volonté de mener à bien une série de projets pour qu’ils puissent être immédiatement utiles lors de la nouvelle législature. Prendre part aux réflexions des ministères et de la représentation nationale œuvrant dans nos domaines de compétence demeure plus que jamais une priorité pour France Stratégie.
Quels travaux ont singulièrement marqué cette année ?
Cédric Audenis : Ils sont nombreux ! Parmi eux, je citerais le rapport Les Métiers 2030, réalisé conjointement avec la Dares, qui permet d’anticiper les déséquilibres à venir du marché du travail dans certains métiers afin d’éviter qu’ils ne se matérialisent. Tout début 2023, sa déclinaison régionale a été publiée pour enrichir cette étude de référence, consultée par une large audience comme le montrent les statistiques de téléchargement.
G. de M. : La sortie du rapport Soutenabilités ! Orchestrer et planifier l’action publique a conclu notre ambitieux cycle de séminaires engagés en 2020. Il met l’accent sur la nécessaire cohérence des politiques de transition écologique avec l’impératif de justice sociale et sur le besoin d’adopter une organisation du travail gouvernemental capable d’assurer cette cohérence. Nous l’avons publié début mai, alors que la planification écologique faisait son irruption dans le débat public et s’inscrivait dans les institutions avec la création du Secrétariat général à la planification écologique (SGPE). C’est une innovation importante, dans laquelle nous nous reconnaissons pleinement, et au succès de laquelle nous espérons contribuer activement.
Avez-vous mené d’autres projets liés à la transition écologique ?
C. A. : Une nouvelle fois en 2022, France Stratégie a contribué à éclairer la décision publique pour lutter contre le réchauffement climatique. À ce titre, nous avons poursuivi la série des publications sectorielles autour des coûts d’abattement, avec la sortie de trois rapports respectivement dédiés à l’électricité, à l’hydrogène et au logement. Ces travaux, que nous enrichirons de nouveaux focus thématiques en 2023, ont l’ambition de former un corpus de référence.
G. de M. : Parce que le secteur des transports devra se décarboner presque complètement en l’espace d’une génération, nous avons mené avec le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD, aujourd’hui IGEDD) un exercice exploratoire à horizon 2040-2060, avec un regard particulier sur 2030. L’urgence climatique, les enjeux d’acceptabilité et d’équité sociale sont au cœur de l’approche de ce rapport. Principal enseignement : la cible de décarbonation est accessible, en associant les progrès technologiques et une plus grande sobriété d’usage.
Quels points saillants du côté des évaluations ?
C. A. : Les évaluations de politiques publiques ont été une dimension importante de 2022. Deux d’entre elles méritent un commentaire particulier : celles sur les ordonnances travail, et sur la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté. Les ministères concernés travaillent à de nouvelles ambitions stratégiques dont ils ont déjà annoncé qu’elles devront faire l’objet d’évaluations. Ils ont ainsi été amenés à considérer comme clos le premier cycle qui nous avait été confié. C’est une occasion de dire notre gratitude aux membres des deux comités d’évaluation en cause, et à tous ceux qui, dans nos équipes, ont rendu possibles leurs travaux. Par ailleurs, France Relance a fait l’objet d’un deuxième rapport d’évaluation en décembre, et le troisième rapport sur la loi Pacte a également été publié.
Quelle est la feuille de route de France Stratégie pour 2023 ?
G. de M. : Nous abordons 2023 en accentuant notre investissement dans trois directions clés : réussir la planification écologique ; permettre le développement d’une économie productive et allant vers le plein emploi ; et conduire une action publique renouvelée pour aller vers une société plus juste. Quelques projets illustrent ces orientations : la mission confiée par la Première ministre à Jean Pisani-Ferry sur l’analyse macroéconomique des politiques de transition climatique a vocation à contribuer à éclairer la Stratégie française énergie climat ; une analyse des données et des solutions de gouvernance pour la réduction de l’artificialisation des terres ; divers travaux sur l’adaptation au changement climatique, dont une prospective sur l’évolution des besoins en eau, et la manière de les piloter ; l’accompagnement des transitions professionnelles ; l’identification des freins à l’augmentation du taux d’emploi des seniors ; l’analyse des modalités clés de la formation des inégalités des chances, pour permettre aux pouvoirs publics de mieux orienter les politiques visant à les réduire ; le lancement de travaux sur l’attractivité des fonctions publiques.
C. A. : Nous poursuivrons également nos travaux d’évaluation. Parmi ces projets, le comité d’évaluation du plan France très haut débit (THD) a publié son rapport final en tout début d’année ; les comités d’évaluation des réformes de la fiscalité, et du plan France Relance, présenteront leur dernier rapport à l’automne prochain. L’ensemble de ces travaux ont l’ambition de contribuer à éclairer, avec rigueur et impartialité, la conduite des affaires publiques.