Télécharger la note d'analyse "D'où viennent les écarts de salaire entre les territoires ?"
C’est un fait, qualifié ou non, on gagne plus en moyenne à Paris qu’à Saint-Flour dans le Cantal. Le salaire horaire net moyen varie même en l’espèce du simple au double. Rien de propre à la France cela dit. Les écarts de salaires entre territoires s’observent partout. Largement attribués aux effets « de composition » et « de densité » de l’activité économique, ces écarts tiennent en réalité aussi à la concentration de personnes très diplômées. Explications.
Effets de composition et de densité…
À première vue, rien de nouveau dans la géographie des salaires : les « zones d’emploi » où les salaires sont en moyenne les plus élevés sont celles des grandes métropoles où se concentrent l’activité et la main-d’œuvre. Mais pourquoi ?
Premier facteur explicatif testé par les auteurs de la note d’analyse : « l’effet de composition », c'est-à-dire le poids relatif de certaines activités économiques et de certaines catégories socio-professionnelles dans une zone d’emploi. Celle de Paris, par exemple, compte huit fois plus de cadres supérieurs que celle de Saint-Flour, ce qui pourrait expliquer l’écart de salaires moyen. Eh bien non ! L’explication est valable mais insuffisante puisque l’écart entre les territoires subsiste lorsqu’on compare les salaires d’une même catégorie socioprofessionnelle (CSP).
Deuxième facteur explicatif testé : « les effets de densité », c'est-à-dire les gains de productivité tirés du regroupement des activités et des personnes sur un même territoire. Une concentration qui permet des économies d’échelle liées à la taille du marché et une meilleure adéquation de l’offre à la demande de travail… mais qui n’explique pas le surcroit de salaire, selon les estimations des auteurs.
… et externalités de capital humain
Troisième piste : les effets dits « d’externalité de capital humain ». Moins renseignés dans la littérature économique que les effets de densité, ils décrivent l’impact sur le niveau des salaires de la part des très diplômés dans les populations locales, en l’espèce les bac + 3 et plus. Sans surprise, c’est dans les zones d’emploi du Bassin parisien et des métropoles de province qu’elle est la plus élevée. Les deux auteurs de l’analyse montrent que dans ces zones, le surcroît de salaire attribuable à la forte concentration de diplômés (par rapport à une zone moyenne) s’élève à 2 % pour les employés et à environ 4 % pour les professions intermédiaires et les cadres. « À CSP donnée, la concentration de diplômés supplante la densité de l’emploi dans l’explication des différences de salaires moyens », concluent les auteurs. Mieux, ils montrent que l’effet positif lié à la concentration de diplômés est freiné par l’effet de congestion que génère une trop forte densité.
Comment plus de diplômés accroît les salaires dans une zone d’emplois ? En tirant à la hausse les compétences de tous, y compris des moins qualifiés, via la diffusion-transmission des connaissances de proche en proche. Et en augmentant la demande de services (garde d’enfants, restaurants…), donc les salaires dans ces secteurs d’activités.
Y a-t-il pour autant un intérêt à changer de zone d’emploi ? Pas nécessairement, soulignent les auteurs. Aux coûts du déménagement (ou des déplacements quotidiens) s’ajoute en effet un possible surcoût de la vie dans les zones les plus denses, en particulier lié au prix du logement.
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Céline Mareuge, journaliste web
Infographie de la note d'analyse