Jamais les incertitudes sur l’avenir de l’intégration européenne n’ont été aussi fortes. Ses difficultés à créer une prospérité partagée et un horizon de progrès social, à constituer une valeur ajoutée incontestable dans la compétition mondiale et une ambition partagée par les peuples ont érodé l’élan européen. La crise de la zone euro et les divergences entre pays sont venues accentuer la perception d’une Europe à l’édifice institutionnel inachevé, qui n’a pas clarifié ses intentions sur les buts à atteindre, et dont les décisions s’élaborent trop loin des citoyens. La valeur de l’Union persiste pourtant, qu’il s’agisse de faire de son marché de 500 millions de consommateurs un levier de croissance et d’influence ou de porter des valeurs de paix, de démocratie et de progrès économique et social.
Pour que la France joue un rôle moteur dans le renouveau du projet européen et de son idéal de prospérité partagée, il lui faut clarifier son ambition. Une refondation du marché unique est-elle possible ? Au sein de la zone euro, un progrès parallèle de la responsabilité budgétaire et de la solidarité est-il possible ? Partage des risques et partage de la souveraineté peuvent-ils aller de pair ? Une union politique est-elle souhaitable et sur quelle base ?
Comment envisager la question des frontières européennes ? À quels efforts sommes-nous prêts pour la stabilité et la prospérité de nos voisins ? Quelles sont, au total, les conditions économiques et politiques requises pour que la France s’inscrive avec succès dans une stratégie ambitieuse de refondation européenne ? Telles sont quelques-unes des questions que nous devons nous poser aujourd’hui.