Les femmes n’ont-elles pas gagné le combat de l’égalité ? se demandent certains. Depuis cinquante ans, des progrès ont été accomplis, de nombreuses lois garantissent en principe l’égalité entre les hommes et les femmes. Cependant, femmes et hommes ne participent pas de la même manière à notre société, que ce soit dans les sphères politiques, professionnelles, associatives ou intimes : ils et elles ne sont pas à parité dans les organes de représentation politique, ne s’impliquent pas de façon similaire dans la parentalité et les relations privées, ne travaillent pas dans les mêmes secteurs. Ces schémas se mettent en place dès la jeunesse : filles et garçons ne font pas les mêmes choix de filières d’études, n’ont pas le même rapport au corps et s’engagent diversement dans les activités scolaires, sportives ou culturelles. Et ces différences posent plusieurs problèmes de justice sociale.
Si les nombreuses lois pour l’égalité peinent à s’appliquer, c’est que les écarts dans les parcours sociaux, familiaux et professionnels des hommes et des femmes ne peuvent être la simple résultante de préférences individuelles. Ils résultent aussi de systèmes de représentations figés, de clichés de ce qui fait traditionnellement le masculin et le féminin. Il faut donc lutter contre ces stéréotypes qui n’influencent pas seulement les goûts des individus mais aussi les institutions et les ressources qu’elles constituent pour chacun et chacune.
La complexité du sujet réside dans sa dimension systémique. Ainsi, on voit un effet de circularité, où l’inégalité des trajectoires professionnelles des femmes et des hommes renvoie à l’inégal partage du temps domestique et parental, et à une division sexuelle du travail (secteurs et métiers peu mixtes, « choix » d’orientation et parcours scolaires afférents encore assez divergents entre garçons et filles) formatant elle-même très tôt les enfants et les adolescents dans des représentations stéréotypées qui perpétuent ces dissymétries et ces inégalités socio-professionnelles.
Le rapport met précisément à jour de nouveaux éléments et des effets cumulatifs propres aux diverses institutions de socialisation de l’enfance et l’adolescence. Un faisceau de contraintes contribuent ainsi à fermer le choix des possibles des garçons et des filles, tout particulièrement dans les milieux populaires ou plus défavorisés en restreignant leurs possibilités de mobilité.
Afin que la « distinction de sexe » ne soit plus stigmatisante, il s’avère nécessaire d’en renforcer la prise de conscience, par l’ensemble des acteurs concernés, pour ouvrir le champ des possibles dès la jeunesse.
En conséquence, plusieurs questions se posent. Comment favoriser un changement global des mentalités visant aussi bien les garçons que les filles (par exemple adoption par les hommes de métiers considérés traditionnellement féminins et vice versa), en tenant compte des asymétries de départ? Comment défendre également des actions permettant d’atteindre une mixité plus réelle et d’assurer une approche systémique jouant sur plusieurs leviers complémentaires ?
Ce rapport, à partir des différents enseignements faits par les auteurs, présente 30 propositions qui apportent des réponses, et des solutions, à ces questions. Il s’articule autour des chapitres suivants :
- La socialisation des jeunes enfants : pour plus d’implication des pères et de mixité dans les métiers de la petite enfance
- Orientations scolaires et métiers : une insuffisante mixité qui pénalise surtout les jeunes moins qualifiés
- Inégalités et discriminations filles-garçons dans les outils pédagogiques, les pratiques éducatives et la socialisation scolaire
- Inégalités et différences filles-garçons dans les pratiques sportives et culturelles des enfants et des adolescents
- La santé des jeunes au féminin et au masculin : stratégies pour combler les inégalités
- Approfondissement : les industries de l’enfance
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