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Publié le
Lundi 03 Juillet 2023
France Stratégie a été missionnée fin décembre 2022 par le ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, Olivier Dussopt, le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Pap Ndiaye, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu et la ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels, Carole Grandjean, pour organiser la deuxième Conférence annuelle des métiers, le 4 juillet 2023.
Actualité - Conférence des métiers et compétences - Image principale

Téléchargez la synthèse des principaux messages sur les enjeux emplois
de la rénovation énergétique des bâtiments

Lettre de mission

Après la première conférence en mars 2022 autour de la présentation de l’exercice de prospective Les métiers en 2030, cette seconde édition est consacrée aux enjeux emplois de la transition écologique. Il s’agit notamment de partager les connaissances existantes en matière de réallocations des emplois rendues nécessaires par la transition écologique et par les actions de formation, de reconversion et d’orientation qu’il s’agit dès aujourd’hui d’initier et d’anticiper.

Cette conférence est alimentée par un exercice de prospective ciblé sur la rénovation énergétique des bâtiments.

Graphique 1 - Atu - Conférence des métiers
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Libre

Tous les scénarios prospectifs permettant d’atteindre la neutralité carbone impliquent une accélération sans précédent de la rénovation énergétique des bâtiments, à la fois de son rythme (nombre de logements, surfaces tertiaires rénovées) et de sa performance (atteinte d’un niveau de consommation en moyenne compatible avec le label BBC-rénovation, suivi de la trajectoire du décret Éco-énergie tertiaire). Le principal objet de cette étude est de déterminer la capacité de réponse du marché du travail et du système de formation aux besoins à 10 ans de la filière, en tenant compte des incertitudes sur la vitesse de déploiement des rénovations et de l’hétérogénéité territoriale des besoins.

Et cela, par le biais de deux axes de travail :

[Axe 1] Une prospective quantitative régionalisée des besoins en emplois à horizon 2030. 

Les modélisations développées pour anticiper les besoins en emploi de la transition écologique (Métiers 2030, Ademe, negaWatt), en particulier dans la construction, permettent de présenter des cheminements différents pour parvenir à la neutralité carbone. La comparaison de leurs méthodes, de leurs hypothèses et de leurs résultats fournit en ce sens une estimation des créations de postes nécessaires pour réaliser l’ensemble des travaux de rénovation énergétique, qui se situe entre 170 000 et 250 000 emplois supplémentaires par rapport à aujourd’hui.

Il existe en revanche des divergences fortes sur l’évolution des emplois liés à la construction neuve à horizon 2030, liées à des hypothèses très contrastées de mises en chantier sur le neuf : quasi stables dans Métiers 2030, en très forte baisse dans le scénario Ademe ou negaWatt. En retenant la borne basse des projections du Secrétariat général à la planification écologique (de l’ordre de -20% sur les mises en chantier de logements), l’emploi total dans la construction neuve (incluant le gros et le second œuvre) baisserait de l’ordre de 50 000 à 60 000, nettement moins que la hausse attendue dans la rénovation énergétique. Les besoins d’emplois supplémentaires seront donc importants sous cette hypothèse.

Une analyse intégrant les besoins différenciés de rénovation selon les régions (fonction de la localisation des passoires thermiques, des modes de chauffage et des consommations d’énergie tertiaires), sur la base d’une déclinaison régionale du scénario bas-carbone Métiers 2030, fait état de plus fortes difficultés de recrutement dans les métiers du bâtiment dans l’ensemble des régions.

  • Très peu dynamiques voire destructrices d’emplois en 2030 dans le scénario de référence (à politiques inchangées), certaines régions seraient à présent créatrices d’emplois pour ces métiers avec la mise en œuvre des investissements nécessaires à l’atteinte des objectifs climatiques : Hauts-de-France, Grand Est, Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté et Normandie.
  • L’Ile-de-France se positionne en haut du classement : ce serait la région où les difficultés de recrutement s’accentueraient le plus d’ici 2030.

Téléchargez le Powerpoint 1 - Cas d'usage sur la rénovation énergétique des bâtiments (REB)

[Axe 2] Une approche qualitative des enjeux en matière d’emploi et de formation pour répondre à ces besoins de recrutement

Ce deuxième axe de travail interroge la capacité des acteurs à répondre à une massification de la demande de rénovation, avec le niveau de qualification nécessaire pour réaliser des rénovations énergétiques performantes. De nombreuses incertitudes entourent les créations d’emploi associées, autant du côté de la demande des ménages (enjeux de solvabilisation et de reste à charge) que de l’offre des entreprises (filière très atomisée ne favorisant pas l’émergence d’une offre de rénovation globale performante). L’adaptation de l’offre de rénovation et des compétences doit donc être pensée à l’aune de ces incertitudes. Elle doit néanmoins être engagée dès maintenant à travers trois canaux :

  • Accroître le volume d’entreprises et de travailleurs en capacité de porter cette massification de la rénovation énergétique des bâtiments (REB) en s'appuyant sur l’existant. Aujourd’hui, trop peu d’entreprises sont en capacité de faire des rénovations performantes. Seulement 7% de ces établissements sont “Reconnu Garant de l’Environnement” (26% des travailleurs couverts), avec une forte hétérogénéité territoriale. Les régions avec le plus faible taux de labellisation sont celles avec les plus gros déficits potentiels de main d'œuvre pour les métiers du bâtiment à horizon 2030 : Ile de France, Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine, Provence-Alpes-Côte d’Azur.
  • Accroitre le vivier de recrutement pour ces métiers (nouveaux formés, personnes en mobilités, etc.). La main d’œuvre « potentiellement libérée » par la construction neuve ne sera pas suffisante pour combler les besoins de recrutement à l’horizon 2030, d’autant que ces métiers connaissent déjà aujourd’hui de fortes difficultés de recrutement. Les métiers de l’exécution (ouvriers qualifiés du gros et second œuvre) seront les plus en tensions à 2030 du fait d’un manque d’attractivité des formations initiales et de forts taux de départs en cours et en fin de carrière. Si l’on veut atteindre les objectifs de rénovation, il est urgent de résoudre ces problèmes d’attractivité afin d’attirer plus de jeunes dans l’offre de formation initiale, et d’encourager les transitions professionnelles vers ces métiers.
  • Renforcer la qualité et la performance globale des travaux de rénovation. Le système actuel ne donne pas le niveau de garantie nécessaire aux ménages en termes de qualité et performance énergétique des travaux. Afin d’améliorer leur confiance, il est central de renforcer le système de contrôle des travaux mais également d’avoir plus de travailleurs formés à la rénovation performante qu’aujourd’hui. Cela implique une adaptation des référentiels de compétences et de certification pour intégrer les compétences spécifiques à la rénovation énergétique (gestion des interfaces, coordination entre corps de métiers, contrôle de la performance, etc.).

Téléchargez le Powerpoint 2 - Rénovation énergétique des bâtiments (REB) à 2030