En 2012, chaque Français a en moyenne consommé 48 boîtes de médicaments, ce qui place la France parmi les premiers consommateurs au niveau européen. Si le médicament contribue à améliorer l’état de santé et la qualité de vie de nombreux malades, certains usages ne sont pas adaptés aux besoins : sur ou sous-consommation, mauvaise observance du traitement, médicaments achetés mais non utilisés, etc.
Au final, 23 000 tonnes de médicaments n’auraient pas été consommées en 2012. Un tel gaspillage a un coût considérable pour les finances publiques et pour les consommateurs finaux, ces dépenses de médicaments étant financées par l’assurance maladie, les assurances complémentaires et les usagers.
Mais c’est surtout fortement préjudiciable à notre état de santé, au niveau individuel comme au niveau collectif, les rejets importants de médicaments dans l’environnement étant nocifs à long terme pour la biodiversité et la santé humaine.
Pour favoriser un usage raisonné des médicaments en France, le défi est global et la mise en œuvre d’une stratégie cohérente nécessite de reconsidérer tout le cycle de vie du médicament, depuis sa mise sur le marché jusqu’à sa destruction, et d’impliquer l’ensemble des acteurs (industriels producteurs, médecins prescripteurs, pharmaciens dispensateurs et usagers consommateurs).
les médecins prescrivent beaucoup
Trois priorités apparaissent : faire évoluer les pratiques professionnelles, revoir les modes de rémunération des professionnels de santé et informer l’usager.
Aujourd’hui, les médecins prescrivent beaucoup, comparativement à leurs confrères européens, et restent encore dans l’ensemble mal informés devant une offre de médicaments disponibles surabondante.
La qualité des prescriptions pourrait ainsi être améliorée grâce à différents dispositifs : outils d’aide à la prescription (par exemple, liste réduite de médicaments recommandés comme en Suède), groupes de réflexions sur les pratiques incluant des médecins mais aussi des pharmaciens, comme aux Pays-Bas, modes de prescriptions alternatives à l’ordonnance médicamenteuse (conseils d’hygiène alimentaire, cours de sport, etc.) pouvant, dans un certain nombre de cas, améliorer la santé. Quant à la dispensation des médicaments par les pharmaciens d’officine, elle est souvent accompagnée d’informations minimales sur l’observance des médicaments.
Ce rôle du pharmacien doit être repensé, avec notamment un recentrage sur cette mission de conseil à l’usager (observance du médicament, mais aussi éducation à la santé) et d’accompagnement des patients plus fragiles (incluant la préparation des doses individuelles à administrer) ce qui impliquerait un partage d’informations structuré avec le médecin, voire l’infirmier.
Par ailleurs, la voie d’une dispensation individualisée et à l’unité du médicament doit être examinée sérieusement, à la lumière des expérimentations lancées en 2013 sur les antibiotiques. Alors que les enquêtes montrent que les usagers ont en France un recours important à l’automédication via leur pharmacie familiale, une telle solution permettrait de réduire les risques associés à une réutilisation non pertinente des résidus de traitement.
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