En France, le nombre de doctorats délivrés aurait concerné 11 500 diplômés en 2011 et près de 65 000 doctorants. La question de leur insertion est importante car les docteurs constituent une ressource humaine essentielle dans le secteur de la recherche - développement, et contribuent donc à la compétitivité de la France. Dans une économie ouverte de la connaissance, la formation des docteurs est soumise à la compétition mondiale. Ainsi, dans les pays de l’OCDE, le nombre de doctorats délivrés en 2009 a atteint 213 000, soit une augmentation de 38% en dix ans. Les États-Unis restent le premier pays avec une part de 16% des 393 700 doctorats délivrés dans le monde. Il est suivi par la Chine (11%). Ce n’est qu’ensemble que les pays de l’UE gardent un avantage avec 27% des diplômes délivrés dans le monde, la France n’y contribue qu’à hauteur de 3%. L’insertion des docteurs constitue un double enjeu d’attractivité : l’attractivité pour les filières scientifiques, car ce diplôme est aussi un véhicule de l’image de la science et de la recherche auprès des jeunes, et l’attractivité internationale de la France pour les chercheurs et les étudiants, au moment où les classements internationaux des établissements d’enseignement supérieur jouent un rôle croissant. La situation de l’emploi des docteurs peut constituer un indicateur de qualité des formations doctorales.
Or cette formation ne garantit plus une insertion facile sur le marché du travail. En effet, le taux de chômage des titulaires de doctorat est supérieur à celui des diplômés de master. De plus, le taux de chômage des docteurs en France est près de trois fois supérieur à celui des pays de l’OCDE. Pourquoi ? Tout d’abord, la situation de la France n’est pas due à une surproduction de diplômés. Le taux de diplômés de doctorat en France est proche de la moyenne des pays de l’OCDE et la proportion des docteurs dans la population n’est pas plus élevée qu’ailleurs. C’est surtout le sous-investissement en recherche - développement du secteur privé et, dans une moindre mesure, la préférence donnée aux ingénieurs pour les postes de recherche qui pèsent sur leur insertion professionnelle. A l’avenir, l’augmentation des recrutements de docteurs par le secteur privé, qui devra davantage investir dans la recherche, ne dispensera pas d’agir sur d’autres leviers comme la régulation de l’offre doctorale. Car, s’il n’y a pas de surproduction globale de diplômés, les docteurs des différentes disciplines ne sont pas égaux devant le risque de chômage. Il faudrait également améliorer le taux de financement des thèses pour diminuer le taux d’abandon. Alors même que l’emploi des docteurs en France sur le métier de chercheur ne concerne aujourd’hui que six diplômés de doctorat sur dix, le doctorat reste un diplôme fortement associé à la recherche. Cette évolution, qui pose de nouveau la question de la reconnaissance du doctorat par le monde professionnel hors recherche, devrait aussi être davantage intégrée par les formations doctorales dans leurs actions en faveur d’une meilleure insertion.