Télécharger la note d'analyse – Quelle évolution de la ségrégation résidentielle en France ?
Datavisualisation - Evolution de la ségrégation résidentielle en France
Dans cette étude, accompagnée d’un outil de visualisation inédit, France Stratégie passe au crible les 55 unités urbaines de France métropolitaine de plus de 100 000 habitants entre 1990 et 2015, à partir de données du recensement. Résultat : la ségrégation résidentielle est stable pour ce qui est de la catégorie sociale, en légère baisse pour ce qui est de l’origine migratoire, et en baisse plus sensible pour ce qui est du logement social. Si certains quartiers comptent aujourd’hui une part plus élevée de cadres ou d’immigrés d’origine extra-européenne, ce n’est en général pas le résultat de leur plus grande ségrégation mais simplement le reflet de la hausse de leurs effectifs dans la population.
La ségrégation résidentielle désigne l’inégale répartition dans l’espace urbain de différentes catégories de population. Elle peut résulter de choix individuels, motivés par exemple par la recherche d’un entre-soi, ou de phénomènes de relégation, liés notamment au prix des logements.
Catégorie sociale : des cadres plus inégalement répartis que les ouvriers et employés, mais des niveaux de ségrégation globalement stables
En moyenne, les cadres et chefs d’entreprise sont, comme en 1990, plus inégalement répartis que les ouvriers et employés. L’indice de ségrégation mesure la part des membres d’une catégorie sociale qui devrait changer de quartier si l’on voulait obtenir une répartition homogène de cette catégorie dans tous les quartiers de l’unité urbaine. Dans l’agglomération parisienne, cet indice a augmenté entre 1990 et 2015, passant de 32 % à 36 % pour les cadres et de 23 % à 27 % pour les ouvriers et employés. Dans les autres unités urbaines, la ségrégation résidentielle des cadres a baissé mais celle des ouvriers et employés est restée stable. Moins nombreux, ces derniers vivent moins souvent dans un quartier où ils sont majoritaires (un sur deux en 1990, un sur trois en 2015) ; à l’inverse, une part croissante de cadres vit dans un quartier à majorité de cadres (0,1 % en 1990, 14 % en 2015). Par ailleurs, les 10 % des ménages les plus aisés sont répartis de manière aussi peu homogène que les 10 % les plus pauvres − sauf à Paris où les plus riches sont particulièrement ségrégés.
Origine migratoire : une légère baisse de la ségrégation résidentielle des immigrés d’origine extra-européenne et de leurs enfants
Les immigrés d’origine extra-européenne sont moins inégalement répartis en 2015 qu’en 1990 (leur indice de ségrégation est passé de 36 à 33%) mais toujours nettement plus que les immigrés d’origine européenne, dont l’indice de ségrégation est faible et stable dans le temps. La ségrégation résidentielle de leurs enfants a également diminué : elle est passée de 41 à 38% pour les moins de 18 ans vivant avec au moins un parent immigré extra-européen, de 45 à 37% pour ceux vivant avec deux parents immigrés extra-européens.
Du fait de la hausse de leur part dans la population, les moins de 18 ans vivant avec au moins un parent immigré extra-européen vivent plus souvent dans des quartiers où ils sont majoritaires parmi les moins de 18 ans : c’est le cas de 38% d’entre eux en 2015, contre 17% en 1990 . Mais ceux qui vivent avec deux parents immigrés non-européens − dont la part est stable dans le temps − vivent rarement et de moins en moins souvent dans un quartier où ils sont majoritaires (4 % en 2015, contre 10 % en 1990).
Le parc HLM est mieux réparti en 2015 qu’en 1990
Le parc HLM, historiquement très inégalement réparti sur le territoire, a vu son indice de ségrégation baisser de près de 10 points de pourcentage en moyenne entre 1990 et 2015. Toutefois, l’effet du parc HLM sur l’évolution de la ségrégation résidentielle est incertain : ce parc s’est un peu diffusé sur le territoire, même s’il reste très inégalement réparti ; mais il a accueilli sur la période étudiée une part croissante des ouvriers/employés et des immigrés.
Cette étude montre que certaines facettes de l’identité sociale sont davantage déterminantes dans les processus de ségrégation résidentielle : l’âge joue de façon marginale, la catégorie sociale davantage que l’âge, et l’origine migratoire davantage que la catégorie sociale.
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