Ce colloque est le troisième que nous organisons conjointement avec le Commissariat général à l'investissement et le Conseil général de l'environnement et du développement durable. Il a pour objectif d'apporter une réflexion commune sur la méthodologie de l’évaluation des projets d’investissement et sur son amélioration. Ont d'ores et déjà été abordées les questions du calcul socioéconomique de manière générale, puis (en avril dernier) des externalités, notamment environnementales. Un quatrième colloque, prévu au printemps prochain, abordera le sujet des risques physiques. Les conclusions de ces colloques permettront d'élaborer des éléments d'amélioration opérationnels.
Le colloque d'aujourd'hui est particulièrement important car, par définition, les choix d'investissement ont une dimension territoriale. Nous sommes aujourd’hui tous convaincus de l'importance des effets d'agglomération et de l’existence d’un jeu à somme non-nulle lorsque l'on choisit un lieu de construction plutôt qu'un autre. Au contraire, il faut tirer parti de ces effets d'agglomération et chercher à les maximiser. Mais, pour cela, il est nécessaire d'aller plus loin que de simples idées générales. En effet, les réactions des différents acteurs territoriaux lors des choix de localisation constituent un sujet très complexe.
La France est aujourd’hui profondément divisée entre ceux qui estiment profiter des effets d'agglomération et ceux qui pensent y perdre. Savoir que l'effet d'agglomération profite au plus grand nombre ne suffit pas à rassurer ces derniers, car ils cherchent à connaître les conséquences sur eux-mêmes. Dans le cas des États-Unis, l'ampleur de ces effets est frappante : le PIB américain peut être divisé en quatre quarts. Les six premières métropoles créent 25 % du PIB, les 17 suivantes 25 %, les 85 suivantes 25 % et le reste du territoire 25 %. Nous avons cherché à effectuer un travail similaire sur la France (pas encore publié) en partant de la masse salariale : l'agglomération parisienne représente 27 % de la masse salariale. Les grandes métropoles constituent le deuxième quart, tandis que le troisième regroupe de nombreuses villes qui s'interrogent sur leur destin. Enfin, le territoire rural et les petites villes composent le dernier quart de la masse salariale. Cette distribution est très marquée par Paris et les métropoles, bien qu'elle reste moins polarisée qu'aux États-Unis. On constate néanmoins une véritable crainte de cette France qui redoute d'être perdante face au développement des métropoles et qui se demande si tous les talents, les compétences, les investissements, ne vont pas aller se regrouper dans quelques-unes de ces métropoles.
La question vise donc à identifier les effets d'agglomération que nous pouvons et devons exploiter, et à comprendre la diffusion de leurs effets sur les territoires voisins. Il faut pour cela créer des méthodes qui soient éprouvées et permettent de nourrir un dialogue de qualité. Faute de quoi le dialogue deviendrait acrimonieux et de mauvaises décisions risqueraient d'être prises, comme celle consistant à localiser des équipements pour des raisons politiques sur des territoires où ils ne peuvent pas déployer tous les effets que l’on attend d’eux, y compris le supplément de richesse qui caractérise ce jeu à somme non-nulle. Ceci est valable pour toutes sortes d'équipements (équipements de santé, équipements universitaires, etc.). Nous allons aborder le sujet de façon savante, en commençant par le plus simple pour aller vers le plus approfondi.