Le retard pris par l’investissement pendant la crise explique pour partie la baisse de la croissance potentielle dans les pays européens. Il se traduit par un vieillissement de l’équipement des entreprises et des infrastructures, en particulier dans le sud de la zone euro.
Une augmentation de l’investissement en Europe, telle qu’envisagée par le « paquet Juncker » qui prévoit la mobilisation de 300 milliards d’euros d’investissements, aurait à la fois un effet de moyen terme sur l'offre et un effet de court terme sur la demande, et donc sur la croissance.
Plusieurs objectifs doivent guider le choix de ces investissements :
- sélectionner des investissements additionnels qui n’auraient pas été mis en œuvre en l’absence d’initiatives européennes ou nationales ;
- éviter les projets aux rendements socioéconomiques insuffisants (type « éléphants blancs », qui s’avèrent plus coûteux que bénéfiques) ou qui reposeraient sur des technologies mal stabilisées, risquant d’être vouées sous peu à l’obsolescence ;
- anticiper, lorsque c’est possible, ces investissements, c’est-à-dire accélérer leur mise en œuvre pour obtenir des effets de court terme sur l'activité (rénovation ou régénération d’infrastructures existantes par exemple).
Les pouvoirs publics nationaux et européens ont plusieurs rôles à jouer :
- assurer une certaine stabilité du cadre fiscal et réglementaire : cela donnera davantage de visibilité aux investisseurs et permettra également, à travers la réglementation, de mieux programmer la dévalorisation du stock de capital et donc de faciliter son renouvellement ;
- mobiliser des fonds publics en dette, participation en capital ou garanties, afin d’« activer » les ressources privées qu’effraient des niveaux de risque trop élevés ;
- mettre en place une gouvernance européenne adaptée pour la sélection de projets d’avenir.
Ces conditions ouvriront la possibilité de passer de la situation où le désendettement des États est synonyme d’investissement faible et d’une croissance faible, à celle où une croissance forte, catalysée par un stock de capital élevé et de qualité, permet le désendettement.
Quelles interventions pour quels secteurs ?
Sommaire de la Note d'analyse 17 - Les leviers du stratégie européenne d'investissement
- Concilier effets à court et à moyen terme
- Faire sauter le verrou des incertitudes
- Les conditions de portage de risque résiduel par les États et l'Union européenne
- L'investissement public, condition de la croissance et du désendettement