Au niveau national, 5 % des besoins de recrutement ne seraient pas spontanément pourvus par les jeunes débutant sur le marché du travail à l'horizon de 2030. Ces besoins de recrutement divergent selon les régions. En cause : des différences de dynamisme régional et une attractivité pour les jeunes et les travailleurs en provenance d'autres régions très différenciées territorialement. Les besoins de recrutement restent alimentés quelle que soit la région par les départs en fin de carrière. Ces taux de départ seraient assez homogènes entre les régions, s'étageant de 26 % à 31 % de l'emploi régional. Les besoins de recrutement sont aussi alimentés par les créations d'emplois, qui varient selon les régions.
Un déficit de main d'œuvre à l'ouest, au sud-est et dans la vallée du Rhône, contrairement à l'Est et au Nord
Les régions de l'Ouest et du Sud sont dynamiques en termes d'emploi (les créations de postes varieraient entre 4 % et 8 % de l'emploi dans la décennie à venir) et attractives pour les professionnels venant d'autres aires géographiques. En revanche, moins de jeunes y débutent en emploi qu'en moyenne nationale : les tensions sur les recrutements pourraient y progresser. Entre 6 % et 9 % des postes à pourvoir d'ici 2030 ne seraient pas comblés par les nouveaux travailleurs résidents et les jeunes débutants au sud-ouest du pays et en Auvergne-Rhône-Alpes. De l'autre, les régions intérieures moins densément peuplées ainsi que le Grand Est et les Hauts-de-France ont des déséquilibres moins marqués en raison de créations d'emplois plus faibles que la moyenne nationale. Enfin, l'Île-de-France se singularise par une très forte attractivité pour les jeunes mais aussi par des départs nombreux de ses actifs en emploi vers les régions atlantiques et méditerranéennes.
Besoins de recrutement : des disparités régionales selon les métiers
Les aides à domicile, les conducteurs de véhicules et les agents d'entretien figurent parmi les métiers pour lesquels le déficit potentiel de main-d'œuvre serait élevé dans l'ensemble des régions. Ces déséquilibres élevés s'expliquent surtout par les nombreux départs en fin de carrière et la faible attractivité de ce métier pour les jeunes débutants. Une aggravation des tensions serait néanmoins plus marquée dans les territoires du Sud et de l'Ouest dont le marché du travail est déjà très tendu. A contrario, chez les ingénieurs et cadres techniques de l'industrie et les ingénieurs en informatique, l'écart anticipé entre besoins de recrutement et ressources en main-d'œuvre ne serait pas de même ampleur d'une région à l'autre.
D'autres métiers présentent une forte hétérogénéité liée à des spécificités régionales. C'est notamment le cas des maraîchers, viticulteurs et jardiniers dont les déséquilibres seraient élevés (entre 12 % et 17 % de l'emploi) dans les deux premières régions agricoles de France, la Nouvelle-Aquitaine et la Bretagne, mais également dans les régions viticoles de Bourgogne-Franche-Comté et du Grand Est.
Cette déclinaison régionale des Métiers en 2030 doit in fine permettre de mieux accompagner les décideurs régionaux et nationaux, dans leurs politiques d'emploi, d'orientation ou d'enseignement. En repérant les potentiels déficits de main-d'œuvre, il invite aussi à mener les actions nécessaires en amont pour éviter que des pénuries ne viennent handicaper la croissance.