La biomasse agricole, un gisement essentiel à l'atteinte de nos objectifs climatiques...
La biomasse recouvre une diversité de matière organique végétale, animale, bactérienne ou fongique, qui peut être issue de l'agriculture, de l'élevage, de déchets organiques provenant des parcs et jardins ou encore de déchets industriels et ménagers. La biomasse agricole est une ressource multifonctionnelle et abondante qui, sous certaines conditions, peut constituer une source d'énergie ou de matériaux renouvelables tout en permettant de stocker du carbone. Actuellement, la biomasse est à l'origine de plus de 50% de la production primaire d'énergie renouvelable en France, mais cette part importante relève essentiellement de la biomasse forestière. Au vu des ressources présentes sur le territoire français, la biomasse agricole est appelée à jouer un rôle important dans la transition bas-carbone.
... que l'on utilise encore trop peu
L'objectif de neutralité carbone à l'horizon 2050 implique une augmentation de la production de biomasse à des fins énergétiques de l'ordre de 2,5 fois par rapport à l'année 2016 d'après le scénario visant la neutralité carbone - scénario « avec mesures supplémentaires » (AMS) - de la SNBC. La mobilisation reste très faible et très variable en fonction des différentes ressources. Les taux de mobilisation de la biomasse agricole pour l'énergie et les matériaux sont très élevés pour le lin/chanvre, les cultures pérennes dédiées et le bois issu de l'agroforesterie dont l'utilisation énergétique est assez développée, mais restent assez faibles pour les effluents d'élevage, les résidus de cultures ainsi que pour les cultures intermédiaires et surplus d'herbes.
Le développement de l'agroécologie pour optimiser nos ressources en biomasse
Certains déterminants externes peuvent impacter la disponibilité de biomasse sur le long-terme, comme le changement climatique, la baisse du cheptel ou encore le développement de l'agroécologie. Certes moins productive pour une culture donnée que l'agriculture conventionnelle, l'agroécologie permet cependant un retour de matière organique dans les sols plus important. Un changement de pratiques agricoles sur le long-terme pourrait donc potentiellement influer sur le niveau de disponibilité de certaines ressources et l'équivalent énergétique estimé.
A l'heure actuelle, la faible mobilisation en biomasse agricole résulte de blocages structurels au niveau des filières de valorisation. Un des enjeux d'une mobilisation accrue de la biomasse est donc de donner une vision et de proposer un accompagnement aux agriculteurs sur les débouchés possibles de leur production à l'issue d'un changement de pratiques, notamment vers l'agroécologie. Au cœur de nombreuses attentes, la mobilisation accrue des ressources en biomasse agricole, notamment à des fins énergétiques, doit faire l'objet d'un soutien spécifique intégrant leurs externalités positives tout en allant de pair avec le développement d'une stratégie de long terme associant l'ensemble des acteurs des filières.